Les bretons le savent mais les autres ? Il existe deux langues en Bretagne qui coexistent depuis longtemps : le breton et le gallo. On connait bien la première mais moins la seconde. Et si nous approfondissions le sujet en 5 petites questions clés.

C’est quoi le gallo ?

Le gallo est une langue romane pratiquée en Haute Bretagne (départements d’Ille-et-Vilaine et de Loire-Atlantique ainsi que les parties orientales du Morbihan et des Côtes-d’Armor, à l'est d’une ligne qui va de Plouha à la presqu'île de Rhuys) et distincte du breton. Ce n'est pas un patois, ni un dialecte du français mais une langue d'oïl, au même titre que le picard, le francien ou le provençal. Héritier du latin de Gaule, il a reçu des influences gauloise, germanique, scandinave et bretonne. Les emprunts au breton sont surtout sensibles au contact de la zone bretonnante et sont peu nombreux.

C’est quoi le breton ?

Les linguistes classent les langues celtiques en 2 catégories : le groupe gaélique (l’irlandais, le gaélique d’Ecosse et le manxois, parlé dans l’île de Man) et le groupe brittonique (breton, gallois et cornouaillais). Comme les autres langues celtiques, le breton provient des îles britanniques. Il est aussi apparenté au gaulois, langue aujourd’hui éteinte qui se parlait au début de notre ère dans une bonne partie de l’Europe occidentale. Aujourd’hui, le breton est la seule langue celtique présente sur le continent européen.

Le breton se parle en Basse-Bretagne, dans le Finistère et dans l'ouest du Morbihan et des Côtes-d'Armor (à l'ouest de cette fameuse ligne Plouha-Rhuys). Et les territoires où l'on parle le plus sont ceux du Centre-Ouest Bretagne, du Trégor et de Guingamp.

 

Le gallo est-il encore utilisé ?

Le gallo a été classé par l’Unesco comme une « langue sérieusement en danger ». Mais il bénéficie d’un regain depuis les années 1970. En 2004, le Conseil régional reconnaît « officiellement, aux côtés de la langue française, l’existence du breton et du gallo comme langues de la Bretagne ». Par ailleurs, quelques communes et communautés de communes pionnières ont donné une place au gallo dans la signalétique ou la communication.

Il investit aussi un peu la littérature écrite depuis la fin du XXe siècle et des enseignements existent ici et là, pour les enfants et les adultes. Plusieurs associations se consacrent à sa valorisation et, dans les médias, des initiatives apparaissent depuis le début des années 2000 (Plum FM, France Bleu Armorique, etc.). Enfin, des événements lui donnent une place importante comme « Mil Goul » dans le pays de Rennes, « le Gallo en scène » dans les pays de Saint-Brieuc et Lamballe ou « les Gallèseries » dans le pays de Saint-Malo.

 

Pourquoi le breton est plus connu que le gallo ?

Le premier texte écrit en langue bretonne est un traité de médecine qui date de la fin du VIIIe siècle, ce qui est antérieur au premier texte en français (le Serment de Strasbourg) daté de 842. La période du moyen-breton (XIIe au XVIIe siècle) a laissé de nombreux textes et le premier dictionnaire breton est paru en 1464 (le Catholicon).

Ensuite, le XVIIIe siècle verra la parution de 4 dictionnaires importants et dans la première moitié du XXe siècle, il y a eu un travail de codification pour réhabiliter la langue bretonne (François Vallée publie son dictionnaire en 1931, qui reste une référence de nos jours). Ensuite, la production en langue bretonne a continué à se diversifier après les années 50, que ce soit dans les écrits, la littérature pour enfants, la chanson, le théâtre, etc.

De plus, par le biais des écoles bilingues, le breton est maintenant présent sur tout le territoire. Et le gallo est moins vendeur pour le patrimoine culturel que le breton. La Bretagne dans son ensemble joue d’ailleurs sur cette image de la Basse-Bretagne pour se vendre.

 

 

Comment ces 2 langues sont parlées aujourd’hui ?

Selon une enquête menée par la Région Bretagne en 2018, 5,5 % de la population interrogée parle assez bien ou très bien le breton (soit 207 000 personnes. De plus, elle met en valeur que 40 % de la population des cinq départements possèdent « des connaissances en langue bretonne » et 31 % en maîtrisent au moins quelques mots et expressions.

Pour la langue gallo, ils ne sont que 3% des habitants de la Bretagne historique à le parler (environ 191 000 personnes) et 24 % connaissent quelques mots ou expressions.

Ceux qui parlent breton ou gallo sont essentiellement des retraités : 79 % des locuteurs de breton et 56 % des locuteurs de gallo ont plus de 60 ans. Et cette même enquête a mis en valeur que 60 % des bretonnants écoutent la radio en breton, 58 % regardent la télévision en breton. Mais seulement 10 % utilisent cette langue souvent ou de temps en temps, pour envoyer un SMS ou surfer sur internet.

Mais avec 18 000 élèves scolarisés en breton, la relève est assez faible. D’autant qu’il n’y a que 11 % de communes pourvues d’une filière bilingue, 2 % d’enfants scolarisés dans les filières bilingues, 0,27 % d’étudiants qui suivent un cursus « langue bretonne » et uniquement 0,07 % d’apprenants adultes.

Pour en savoir plus sur le breton et le gallo et les actions du Conseil régional de Bretagne dans ce domaine :

https://www.bretagne.bzh/actions/langues-regionales/